Les p'tits baluchons

Un papillon sauvage de Joëlle Ecormier, Océan Fiction Ados, Océan Jeunesse, 2011

Chouette un nouveau roman de Joëlle Ecormier ! Encore toute chamboulée par Le petit désordre de la mer qui porte pour toujours dans ma tête et dans mon coeur le titre de La fille de l'air, j'ouvre avec de bonnes résolutions Un papillon sauvage (non Sandrine, tu ne verseras pas de larmes cette fois-ci !).

L'action se passe à Galforquin, une ville laide et ennuyeuse. L'histoire commence par la fugue de Miky Glance, 93 ans, de la maison de retraite Les Papillons. Extrait : "Est-ce raisonnable de s'enfuir d'une paisible maison de retraite pour petits vieux ? De laisser en plan tous ses copains périmés devant des jeux télévisés crétins qui achèvent d'anéantir ce qui vous reste de cervelle ? Oui, il me semble que c'est tout à fait raisonnable. C'est même la seule chose à faire à mon âge."

Cette fuite le mène délibéremment à la bibliothèque municipale de Galforquin où il revient sur l'été de ses 14 ans. A 14 ans, Miky est un garçon à l'esprit indomptable, renvoyé plusieurs fois du collège. Sa mère le contraint à passer ses vacances à la bibliothèque sous la surveillance de Foinsec la redoutable bibliothécaire. Tous les après-midis il doit lire l'ouvrage imposé par Foinsec et en faire un résumé. Il se retrouve donc devant Les mines de Galforquin écrit par un certain Cassy Jok. Accablé, il se plonge dans ce livre "d'une monstrueuse épaisseur". Extrait : " Je pénétrai dans le livre comme on entre dans un bassin d'eau froide. Frileusement. A ma grande surprise, je m'habituai très vite à la température de l'eau. Bientôt je la trouvai même agréable et le délice ne tarda pas."

Je me dis : "Super, c'est l'histoire d'un ado sauvé par les livres !" Oui, mais...page 45 j'ai un choc.
Sur cette page Miky fait "une rencontre providentielle".
Et moi je m'interroge sur cette nouvelle tournure des événements. Je décide de faire confiance à Joëlle Ecormier qui avait brillamment introduit des éléments fantastiques dans Je t'écris du pont.

Et je n'ai pas été déçue. Cette rencontre - ce choc - et ce livre donnent à Miky la force et les moyens de se forger le destin dont il a tant rêvé. Insoumis et persévérant, il l'est autant à 14 ans qu'à 93 ans. L'auteure dresse le portrait de son héros aux deux âges, à l'aube et au crépuscule de sa vie d'adulte, navigant avec aisance et fluidité entre les deux, pour dresser le bilan de sa vie et percer le dernier mystère que Miky est venu chercher dans cette bibliothèque.

Au final, je n'ai pas pleuré et j'ai relu le roman une nouvelle fois. Je l'ai encore parcouru pour écrire ce billet. J'espère surtout vous avoir donné envie de le lire car c'est trop bien ! vraiment trop bien ! Merci Joëlle !

Sandrine B.

C'est un livre, de Lane Smith, Gallimard Jeunesse, 2011

C'est un livre désopilant où l'âne geek assaille le singe de questions sur l'objet qu'il tient entre ses mains et qui semble tellement l'accaparer. Jusqu'à être conquis lui aussi...

Voici un extrait de ce livre sous forme de petit film animé :

Sandrine B.

La Lettre des oiseaux, texte d'Agnès BERTRON-MARTIN, illustrions d’Aurélie BLANZ, Nathan, 2009

Vania est un facteur heureux, qui part faire sa tournée escorté par les oiseaux du ciel de Russie. Il est accueilli à bras ouverts par tous les habitants du village.
Il ne reçoit jamais de courrier, ainsi que pour une isba sinistre perdue au bout du chemin… Un jour il décide de se mettre une boîte aux lettres dans l’espoir de recevoir lui aussi du courrier…

Agnès Bertron-Martin a écrit une très belle histoire où elle met en scène un jeune facteur romantique et volontaire, qui n’aura de cesse de faire son travail jusqu’au bout. Elle nous emmène, avec légèreté dans ce pays immense et mystérieux..
Un très beau texte poétique et authentique.
Aurélie Blanz nous subjugue par ses illustrations sublimes !
Son trait fin et plein de poésie rend cette Russie plus qu’attirante, elle en devient captivante. Ses jeux d’ombres et de lumières agrandissent l’espace qu’elle peint, c’est bluffant. Tour à tour, on survole des grands espaces verts, puis mordorés, on assiste à un coucher de soleil rougeoyant, on domine une plaine sous la neige avec une route sinueuse... Elle a su exactement dessiner ce que verrait un oiseau.

Un album magnifique qui nous fait tourbillonner dans les airs et rêver grâce à la ténacité et à la générosité d’un petit facteur.
Une belle réussite !

Isabelle

Adieu Chaussette de Benjamin Chaud, Hélium, 2010

Un petit garçon tendre et de parfaite mauvaise foi décide qu'il est devenu trop grand pour avoir un doudou. Il décide alors de se débarrasser du sien, Chaussette, un lapin, dans la forêt. Mais ce n'est pas si facile...

Un petit garçon décide qu’il est trop grand pour avoir un animal comme meilleur ami. Il essaye donc d’abandonner son lapin Chaussette dans la forêt. Pris de remords, il le récupère et rencontre par la même occasion une petite fille et son chien.

Grand album, Adieu Chaussette utilise le trait enfantin habituel à l’illustrateur Benjamin Chaud, réussi parce que presque outré, et en harmonie avec les réflexions naïves du jeune narrateur (il va jusqu’à se demander si les animaux de la forêt sont tous des animaux domestiques abandonnés !). Le choix du gros lapin-buffle – en fait un lapin-bélier – avec ses yeux interrogateurs en boutons noirs et ses longues oreilles tristes de cocker, est très pertinent : humour et tendresse président en effet à l’histoire.

Lorgnant d’abord du côté du Petit Poucet avec le fil rouge à la place des pierres, cette dernière prend vite son propre envol. S’agit-il d’un plaidoyer pour la défense animale ? Plutôt une fiction maligne sur la rencontre et l’amitié. Ouvrage en solo du dessinateur de Pomelo et de la Fée-Coquillette, Adieu Chaussette est un coup de cœur décalé, tire-bouchonné comme une chaussette, mais aussi très perspicace.

Isabelle